Maurice Stoppani
Le valeureux combat de Maurice Stoppani...
Après la Libération de notre pays, le débat avait été sévère. Les abstraits, comme les figuratifs étaient intraitables jusqu'au sectarisme. On en vint, en 1968, à considérer dans les écoles de beaux-arts, que supprimer l'enseignement du dessin était un progrès révolutionnaire. C'était une erreur, en grande partie fatale. Yves Robert, directeur de l'école des beaux-arts de Lyon me confiait, il y a quelques jours, que le dessin était à nouveau à l'honneur. Tant mieux. Nous nous réjouissons de cette bonne nouvelle. Maurice Stoppani, diplômé de l'école des beaux-arts de Bordeaux et de Paris, enseigna le dessin et la peinture au lycée du Parc où, il forma des générations d'étudiants qui lui conservent une admiration sans faille. Maurice Stoppani intègre dans ses compositions par une démarche étudiée, le meilleur de l'Abstraction qu'elle soit géométrique ou lyrique. Dans un autoportrait, il a représenté au fond de la toile une composition abstraite à la manière de NIcolas de Staël, au premier plan, une nature-morte assez Cézanniene, et il s'est placé au milieu comme pour nous dire sa position personnelle, son engagement jamais démenti, entre les deux options, en chercheur déterminé. Et en effet, jamais il ne vacillera. Il évoque parfois en nous le charme nostalgique des tableaux de Leonardo Cremonini, Comme lui, Maurice Stoppani aime décrire des scènes de vie sur la plage, à l'ombre des parasols. Il devint ainsi le témoin des moeurs de notre société. La Femme, peut-être la ménagère de moins de cinquante ans qui permit à bon nombre de publicitaires de faire fortune, s'interroge en s'habillant, en lisant, en faisant son jardin, etc. Le temps paraît arrêté sur ces années de renaissance, après les horreurs de la seconde guerre mondiale. Maurice Stoppani confronte depuis des décennies son savoir faire à la réalisation de nus féminins devant des miroirs. De petites notations hautement colorées ponctuent cette interruption du mouvement. Seules dans le silence de cette fausse éternité, des femmes, comme le fit le Dorian Gray d'Oscar Wilde, incarnent l'humaine condition. Femmes nues et fières, aux formes offertes, mais à l'esprit libre. Elles apportent leur doute, mais aussi leurs saines certitudes. Ce ne sont pas des femmes offertes, mais des corps incarnés par un esprit en mouvement, ouvert à la circulation des idées. Le Nu représente dans l'œuvre de Maurice Stoppani un champ d'investigations infinies où, l'artiste revient sans cesse, dans ce voyage quotidien vers l'atelier.
Alain Vollerin Critique et Historien d'Art Membre de l'AICA
Un article est consacré à Maurice Stoppani dans le livre Le Salon de Lyon. Voir rubrique Livres